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La Source Victoire

La Source Victoire à Cordelle

 



La source victoire

Les bâtiments, démolis aujourd'hui, de la Source Victoire

 

 

 - La source Victoire, a-t-elle existé ou est-ce une ânerie ?

- Les deux ! 

- Mais encore ?

- On raconte qu’il existait autrefois dans le Roannais une source, dont les eaux auraient fait l’objet d’une exploitation commerciale. 

- D’accord, mais elle était où ? 

- A la limite des communes de Saint-Priest et de Cordelle. On pouvait y accéder par le chemin de halage qui longe la rive droite de la Loire, puis qui emprunte le chemin remontant le ruisseau, dit « La Poussette ».

- Et elle était comment ? J’en ai déjà l’eau à la bouche !

 

  • Le rocher dont elle jaillissait par une ouverture aussi… L’eau sortait en effet  d’une fente existant dans une roche de porphyre. Elle était à une température constante de 9° centigrade avec un débit régulier de 10 000 litres par jour, même par les plus grandes sécheresses !

 

Mais donc ce n’est pas une ânerie ?

 

Si. Parce qu’elle a été découverte grâce à un âne … d’une certaine manière. 

On raconte que’une brave paysanne, veuve de surcroît, possédait un joli âne gris. Jusque-là rien d’exceptionnel, quand on saura que ces bêtes de somme étaient en ce temps-là plus nombreuses sur le territoire de la commune que ne le seront jamais les tracteurs. Et puis, depuis bien longtemps, les habitants de Cordelle ne sont-ils pas surnommés, avec une pointe de moquerie « les ânes » par les autres villageois de la région ?

 

Mais, je ne comprends pas le rapport entre cette histoire d’âne et la découverte de la source ?

 

Eh bien si, tu vas voir…

Cet  âne était une « fine bouche » puisqu’il avait l’habitude d’aller se désaltérer toujours aux mêmes endroits de son pâturage de prédilection. Il refusait systématiquement toute autre breuvage. Tenter de le faire boire ailleurs s’avérait inutile, que ce soit l’eau fraîche  des abreuvoirs, ou des seaux que sa patronne lui proposait.

 

  • Dis moi, Tonin, pourquoi cette source portait le nom de Victoire ?

 

Eh bien, c’est la propriétaire de l’âne, qui portait ce joli nom de Victoire. Et, un jour de marché au village de Cordelle, elle finit par raconter son histoire. Or, il se trouvait ce jour-là, dans l’assistance, un monsieur bien habillé, qui, venu en calèche de Roanne, fut intrigué par les paroles de Victoire. Il se renseigna sur elle et l’habitude de son âne.

Deux jours plus tard, lâché en fin d’après-midi dans son pré, l’âne se précipite pour boire un coup, mais deux personnes sont là, un grand sec avec un étrange bout de bois en forme de Y à la main, et notre homme bien habillé. Il porte dans une besace deux bouteilles d’eau tirée dans le creux de notre quadrupède.

 

Et qui sont ces deux hommes, qui surveillent les mouvements de l’âne ?

 

Nous sommes en 1839, et il s’agit du Docteur J.B. Arthaud de Viry, médecin roannais, qui sera le premier à analyser cette eau minérale : il était alors accompagné d’un sourcier. Ils caressèrent l’âne, et  notre animal s’en trouva fort bien ; il ne fut jamais malade et mourut fort vieux. Cette eau minérale constituait un véritable élixir de jouvence pour notre Maître Aliboron.

Le médecin avait toujours en tête le prénom de la propriétaire de l’ane et la source fut baptisée « Victoire ».

C’est en 1865 que la société Grange jeune et compagnie, propriétaire, fit réaliser un captage et eut l’autorisation d’exploiter. En 1880, un établissement  de bain avec trois baignoires dans les cabines en sapin ( 150 baigneurs par an ) s’installa. Avec la guerre de 1914, l’établissement s’arrêta. En 1922, après l’incendie des bâtiments, une guinguette, très appréciée, est installée. Entre les deux guerres, l’exploitation de la source reprit et se développa en 1941 avec la création de la Société des Eaux Minérales de Saint-Priest-la-Roche et connut ses heures de gloire jusqu’en 1975, lors de la fermeture définitive.

 

Et c’est au printemps 1982 que les bâtiments furent rasés en prévision du barrage de Villerest. Ce qui est un comble pour une source de finir noyée.

 

 

 

Texte : Jean-Noël Cimetière

 

D’aprèsTESTENOIREet Martine Rey  dans Chevaucheur Royal  2010 à 16:02

 

Date de dernière mise à jour : 09/07/2018